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Décembre 1991

 

COMEDIA : En attendant Godot

C'est d'un pas fatigué, d'un oeil dont la vision était embrumée par la fumée de cigarette, mais d'une disponibilité auditive exceptionnelle que je me suis dirigé, un triste soir de novembre, vers le Grand Amphi. Car c'est bien là, dans ce temple de la méditation artistique ESSECienne, que j'ai pu assister au travail d'une nouvelle association bien sympa : Comedia.

Pourquoi Comedia ? Vous n'êtes pas sans savoir que ce nom est le fruit d'un subtil mélange de "comédie' (Petit Robert: "toute pièce de théâtre", une bien belle définition ) et du suffixe '-a', non pas signe d'une béatitude niaise, mais bien, marketing oblige, un ajout raffiné conférant une sorte de crédibilité post-romantique et moderniste au nom de l'assoce. Une assoce gérée de main de maître par une chouette bande de jeunes motivés, qui se sont lancés, il y a un mois, dans la préparation d'une pièce de théâtre de boulevard: "Tchao".

Nicolas Moritel, metteur en scène de la pièce et obsédé des ballons de volley-ball ( qui semblent dégager, pour lui, une véritable sensualité théâtrale, ce que je conçois ), se lance dans un véritable travail de pro lors des répétitions: donner aux acteurs le sens de la scène, du public, du mouvement, de l'action. Après neuf ans de théâtre, il tente de développer chez ses apprentis de véritables qualités d'acteurs, de futurs gai-lurons de la scène cergypontaine. Ce que je veux dire, c'est qu'il ne se borne pas à leur expliquer quoi faire bêtement: il leur apprend le théâtre, la scène, le jeu.

Comedia ne se contente pas pour autant de cela. L'assoce gère des cours de théâtre avec un professionnel, organise plusieurs pièces au sein de l'école, en invite d'autres à nous faire part de leur génie artistique ü'en vois qui auront du mal ). Elle sait également faire la fête; en témoignent ces quelques paroles saisies au vol tandis qu'un doute planait ( la collision fut évitée de justesse ), paroles prononcées par le metteur en scène en personne: -"J'aime bien ton petit déhanchement, là, continue, Sophie." ou encore "Arnaud, tu deviens véritablement ton personnage quand tu roules des fesses, c'est bien."

Ouverture d'esprit et travail bien fait : telle semble être leur devise.

En somme, une nouvelle assoce dynamique et organisée qui vient de voir le jour. Gageons que nous n'aurons pas à attendre le fruit de leur travail aussi longtemps que Godot...

Alex Montague
 
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