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1992

 
Interview d'Arthur

L'interview de l'animateur qui réveille des centaines d'ESSEC tous les jours.


Mardi 14 avril 1992, 9h du matin…
L'impertinent : Première question, " Arthur ", c'est ton vrai prénom ?
Arthur : Oui, du moins, c'est mon deuxième prénom.
I : Quel est ton âge ?
Arthur : J'ai eu 26 ans le 10 mars 1992.
I : Que faisais-tu avant de devenir animateur radio ?
Arthur : J'ai été étudiant, j'ai eu mon bac b et j'ai fait un bac plus un et demi. Je voulais faire Sciences Po, mais je ne l'ai pas fait.
I : Comment sont tes relations avec ton équipe, tu la joues tyran ou est-ce que t'es sympa avec tes collègues ?
Arthur : Je suis un tyran, je les persécute, je suis maniaco-dépressif… C'est-à-dire que si tout n'est pas parfait, une vraie perfection, ça m'énerve, et je pousse des gueulantes qui résonnent dans toute la région… Et ils le savent.
I : Tu parlais beaucoup avec Vandel pendant la conférence Vox Populi, tu le connais ?
Arthur : Oui, c'est un très bon ami à moi. On a pas discuté vraiment beaucoup, on parlait énormément de cul, et d'une espèce de nana très mignonne d'ailleurs, que nous allons revoir, et qui était au premier rang.
I : Et Marc Scalia, tu le connais ? Tu l'as déjà rencontré ?
Arthur : Oui, c'est un garçon charmant…
I : C'est un garçon charmant… Et tu l'aimes bien ?
Arthur : oui, c'est vrai, on se moque souvent de lui, parce qu'on se moque d'NRJ, mais les gens qu'on n'aime pas, on les méprise par le silence, donc si je parle de lui, c'est que je l'aime bien… Mais j'aime pas ce qu'il fait… Mais c'est son truc.
I : En écoutant tes émissions, j'ai remarqué un paradoxe, tu te moques des gens qui selon toi ne voient pas les vraies priorités, tu cites la RATP qui modifie la couleur de ses billets, ou le lendemain des Régionales, tu parles de " pêche, chasse et tradition ", et tu ne parles pas d'autres partis, plus importants… Est-ce volontaire si tu restes neutres dans tes appréciations ?
Arthur : Je ne suis pas là pour donner mon avis, je suis complètement apolitique, parler de RPR ou du PS, je crois que les journaux s'en chargent, mais " pêche, chasse et tradition ", ou les écolos, ou le front national, c'est des minorités stupides, donc c'est toujours intéressant d'en parler. Mais je fais pas une émission de politique, ni de cul d'ailleurs.
I : Tu ne te vois donc aucune mission en tant que présentateur célèbre ?
Arthur : Non je n'ai pas de mission, ou pltôt si, ma mission c'est de faire rire les gens. J'essaye, peut-être que j'y arrive, peut-être que je n'y arrive pas… Mais telle est ma seule et unique mission.
I : Pendant l'émission, tu vouvoies les gens puis tu les tutoies, puis tu changes à nouveau ta façon de t'adresser à eux notamment avec Claire raynaud. C'est voulu ?
Arthur : C'est un jeu pour que les gens soient paumés, on ne sait plus qui est qui, qui est copain avec qui, qui respecte qui. Mais c'est très rare que je tutoie Claire Raynaud, c'est surtout quand je m'énerve.
I : Tu t'entends bien avec elle ?
Arthur : Oui, oui tout à fait. S'énerver ne signifie pas forcément que ce soit négatif.
I : Qui a l'idée des jeux ?
Arthur : C'est moi qui écris tout. Même les jingles. Tout.
I : Tout ?
Arthur : Tout. Des fois, je pique des idées aux USA mais au jour d'aujourd'hui, tout est de moi.
I : Y-a-t-il des problèmes de triche dans les jeux d'émission ?
Arthur : Oui mais le principe du jeu, c'est de tricher.
I : Mais les gens qui téléphonent n'ont pas l'air de tricher…
Arthur : Noooon, c'est nous qui trichons. Les auditeurs le savent, c'est officiel, on le dit à l'antenne. Le but c'est de faire perdre l'auditeur. Ce qui est drôle, ce n'est pas qu'il perde, c'est qu'il s'énerve parce qu'il a perdu et sait que nous avons triché. Mais le jeu en lui-même, on s'en fout. De toute façon, il gagne quand même. Car même quand il a perdu, hors antenne, on lui offre quelque chose.
I : Et dans l'aventure à la maison, les types trichent ?
Arthur : En général, non, on s'en aperçoit quand ils trichent. Ou bien ils sont très bons.
I : Comment penses-tu que les gens te voient dans la vie courante ?
Arthur : Les gens pensent que je suis comme à la radio : un hystérique qui crie et sort des blagues toute la journée. Et quand ils me voient, à des soirées ou à des dîners mondains et que je ne me mets pas à monter sur la table et à tout casser, ils me demandent si je ne suis pas malade… Non, je suis moi-même à la radio, en plus excité car il faut réveiller les gens, mais sinon dans la journée, je ne crie pas.
I : Et ça ne te gêne pas de leur faire faire, ce que tu leur fais faire ?
Arthur : Pas du tout, j'adore, et s'ils n'avaient pas envie de le faire, ils ne le feraient pas. Manque de pot, ils sont des milliers à appeler pour le faire, donc ça leur plaît. Je leur fait ce qu'on appelle se lâcher. Et ils se lâchent, et ça nous arrive à tous de nous lâcher un jour ou l'autre. Quand t'es crevé, stressé, tu vas à Euro-Disney sur des manèges, et tu te lâches dans les manèges, alors que si on te l'avait dit avant, t'aurais dit " oh non arrête, qu'est-ce que je vais aller foutre sur des manèges ? ". Et quand t'arrives là-bas, tu descends pas des manèges pendant 2 jours.
I : Qui choisit les journaux et qui les lit ?
Arthur : C'est moi qui lis tout. J'ai une équipe qui m'aide, qui épluche, et moi je sélectionne. Je peux pas tout lire tous les matins.
I : Maintenant que tu es hyper célèbre…
Arthur : Hyper célèbre, tu exagères, hyper-célèbre, ouaih, hyper-célèbre…
I : Oui, ça te fait quoi d'être cité dans Cosmopolitain, dans fluide glacial, d'avoir participé à une émission sur la une ?
Arthur : Je trouve ça génial, j'adore Edika, j'adore fluide glacial, je le lis chaque mois, et j'ai été surpris de voir mon nom et ma chanson dans une BD, et je trouve ça super. Bon, ça arrive, mais tu sais, c'est assez éphémère. Ce ne sont que des mots, quand un mec marche bien, tout le monde en parle, et puis…
I : Quelle sorte de musique écoutes-tu ?
Arthur : J'écoute des trucs un peu cool, du classique, pas trop non plus, il faut pas déconner, des vieux James Brown, ou une fille qui s'appelle Enia, de la New Age, David Lanz, enfin du cool. Mais je n'ai pas toujours le temps d'écouter de la musique.
I : Et tu lis ?
Arthur : Enormément. Je ne lis pas toujours beaucoup de romans, je lis par exemple des bouquins drôles et satiriques pour essayer de puiser des idées, des bouquins comme celui de Vandel. Sinon, je lis des romans comme ceux de Paul Auster, un type qui est génial.
I : Que prépares-tu dans une émission ? Les jingles ? Le minutage ?
Arthur : Non, j'ai donné des consignes à l'équipe qui produit, et qui réalise l'émission, et ils savent ce dont j'ai besoin à tel moment, je leur dis juste, je veux tel jingle avant ma phrase et c'est tout.
I : Et les gags, tu les prépares tous ?
Arthur : La moitié est préparée, tu ne peux pas arriver sans avoir préparé. Imagines, un matin, tu es malade, ou tu as des soucis, il faut que tu sois en forme quand même, que tu saches quoi dire. La radio, c'est l'école de la rigueur. Il fut que je sois drôle tous les jours, et ce n'est pas facile.
I : Sur deux heures trente d'émission, combien de temps parles-tu ?
Arthur : Je n'ai jamais fait le calcul. Beaucoup. Dix fois plus que sur les autres radios, c'est clair. Sauf sur les périph', mais prends le temps de parole d'NRJ, tu l'additionnes à celui de Skyrock et au temps de RFM, et au temps de toutes les autres radios, et t'arrive à peine à ce que je fais. Mais ce n'est pas la durée qui compte, c'est la qualité de ce que tu dis : tu peux parler deux secondes et être plus drôle qu'un mec qui parle trois minutes. Que je parle beaucoup n'est pas forcément symbole de qualité.
I : Comment choisis-tu tes collaborateurs, il y a toujours quelqu'un de nouveau dans l'émission. Gilbert, par exemple ?
Arthur : Le principe de l'émission est : il peut toujours se passer quelque chose, vous n'êtes pas au bout de vos surprises. Gilbert est un mec qui travaille avec moi, à qui j'ai donné sa chance, et qui s'est bien débrouillé. Ce n'est pas l'animateur qui fait l'émission, c'est l'équipe. Même si c'est mon nom qui est sur l'affiche, c'est le fruit d'une équipe. Sans cettev équipe, mon émission ne serait pas ce qu'elle est.
I : La moyenne d'âge de l'équipe ?
Arthur : 23/24 ans.
I : Maître Lévy, pourquoi ce complice ?
Arthur : Il est le " meneur de jeu ", il annonce l'heure des pubs, des jeux. C'est le baromètre de l'émission. Et c'est bien d'avoir plein de voix, je ne suis pas tout seul, on ne se réveille avec Arthur, on se réveille avec Arthur et tous ses copains. C'est plus drôle pour l'auditeur.
I : Tu te dis juif, tu es religieux ?
Arthur : Je suis traditionaliste. J'ai fait ma Bar Mitzvah, je suis vraiment religieux, je bouffe casher, mais je prends ma bagnole le vendredi, et le samedi. Non seulement je suis religieux et je respecte la tradition du mieux que je peux, mais surtout que personne à côté de moi ne dise un mot de travers sur les juifs et tant que j'aurai une bouche, tant que j'aurai une langue, et un cerveau, et un micro pour parler, je peux te dire que je ne raterai pas le Le Pen et les Paul Touvier contemporains. Le seul animateur juif qui ait existé vraiment et qui s'est éclaté, il s'appelait Lennie Bruce, et il est mort d'overdose. Il y avait Alan Berg qui était juif et qui a été assassiné. J'espère que je ne vais pas mourir trop jeune à mon tour !
I : Tu as eu des menaces de mort ?
Arthur : Oui j'ai des milliers de menaces, des centaines de milliers de menaces de mort. Tous les jours par kilo de lettres, et quintaux de messages minitel. Ça va mieux depuis les élections, mais avant c'était terrible. Mais au moins ça prouve que t'existes…

 
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