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1997

 

Le départ de Vassiliev


" Avant l'instruction, il y a l'éducation " Souronov, maréchal Russe.

" Les médiocres ont finalement raison de tout " Nicolas Vassiliev Déc 96

Sur le point de rejoindre sa Yakoutie natale, Nicolas Vassiliev, directeur des services généraux, a eu l'obligeance de nous accorder la présente interview avant de disparaître des couloirs de notre école. Caustique, réaliste et rigoriste, il faut avouer que le Vassiliev que nous avons interrogé se situe bien loin de la réputation dont on l'affuble habituellement. On vous laisse juger par vous-mêmes…

Impert' : Monsieur Vassiliev Bonjour.
M. Vassiliev : Bonjour.
Impert': Tout d'abord, nous aimerions savoir de quelle manière va s'organiser l'administration vis-à-vis de votre départ ?
M. Vassiliev : En fait, le poste que j'occupais jusque-là rend la transition facile. En effet, je dirigeais 2 services à l'ESSEC en plus de l'ALEGESSEC. Les personnes composant ces services sont suffisamment compétentes pour pouvoir se débrouiller sans moi et seront placés sous l'autorité de Françoise Rey. Quant à l'ALEGESSEC, je ne connais pas encore le nom de mon successeur.
Impert' : Quelles sont vos impressions avant de partir ?
M. Vassiliev : Je pars battu de n'avoir réussi à mettre en œuvre dans l'école tous les projets qui me tenaient à cœur, notamment la mise en place de certaines règles d'éthique et d'ordre ; je ne cache d'ailleurs pas en la matière que je sois traditionaliste. Content aussi d'avoir pu travailler dans d'aussi bonnes conditions et avec des personnes aussi intéressantes que compétentes pendant tant d'années.
Impert' : Vous étiez déjà là en 1973 quand l'ESSEC a déménagé à Cergy. Vous pourriez nous dire comment ça s'est passé ?
M. Vassiliev : Le déménagement a été une grande aventure humaine commencée dès 1971 avec la constitution d'une équipe dirigée par m. Gilbert Olivier, directeur de l'école à l'époque. C'est le manque d'espace qui fut la raison première de ce déménagement. En effet, bien que la vie dans le quartier latin soit très agréable, les conditions de travail étaient devenues infernales avec la croissance de l'école. Le déménagement s'est dans l'ensemble très bien passé. La plupart des membres de l'administration ayant anticipé ce déménagement en s'installant à Cergy avant la rentrée 1973. D'un point de vue financier, M. Gilbert Olivier avait mis en place un plan d'emprunts et de remboursements sain vis-à-vis des conditions économiques de l'époque (inflation forte). Les problèmes intervenus à partir de 1980 s'expliquent par le changement de conjoncture. Cependant, après un douloureux programme de dégraissage de personnel, la situation du groupe est depuis redevenue saine.
Impert' : Vous vous souvenez comment s'est passé la première Nuit de l'ESSEC ?
M. Vassiliev : Bien entendu à l'époque, ce n'était pas un événement d'une ampleur comparable à aujourd'hui. Il y avait au maximum 1000 personnes dans le patio, et je ne garde que le souvenir d'un spectacle de saoûlographie entre étudiants. Concernant la Nuit, permettez-moi une petite remarque : cela fait des années que l'accident grave nous pend au nez. Je ne pense pas qu'une soirée d'une telle carrure puisse se dérouler dans des conditions de sécurité suffisantes dans les locaux de l'école. Et je suis bien content qu'un tel accident n'ait pas eu lieu alors que j'étais responsable d'une sécurité sur laquelle dans la pratique, je n'avais aucune prise.
Impert' : Diriez-vous que les étudiants de l'époque étaient plus et fêtards que maintenant ?
M. Vassiliev : On peut dire qu'ils étaient différents… J'ai le souvenir dans les années 1974-1976 d'un groupe d'étudiants particulièrement remuants de 68tards attardés. Ils étaient pour l'autogestion… Un jour, j'ai fini par en venir aux main et j'ai bien évidemment gagné (NDLR : gasp !!!).
Impert' : L'administration reste floue sur les projets réalisés ou non de construction de différentes extensions. Il figure notamment sur les plans de la ville du SAN des extensions virtuelles. Qu'en est-il exactement ?
M. Vassiliev : En 1990, un permis de construire a été demandé pour un projet d'extensions en deux tranches. La première a été construite est remise à temps. Quant à la deuxième, le chantier a plusieurs fois été repoussé et la durée d'un permis de construction étant de 3 ans, le projet est plus ou moins au point mort.
Impert' : de nombreuses rumeurs circulent concernant votre position vis-à-vis des étudiants, des professeurs ou encore des autres membres de l'administration. Pourriez-vous nous livrer une fois pour toutes votre opinion ?
M. Vassiliev : Pour moi, l'école idéal serait sans élèves et sans professeurs ! Pour les élèves, je leur reproche de ne pas toujours respecter les règles établies au sein de l'école. Ils oublient trop souvent qu'ils sont avant tout ici pour travailler, ce qu'ils ne font par la suite ne me concerne pas. Dans cette optique, ma position n'est pas facile puisque mon rôle consiste précisément à faire en sorte que toutes les personnes de l'école puissent travailler dans de bonnes conditions. Pour les professeurs, je dirais qu'individuellement ils sont souvent brillants et sympathiques mais qu'en tant que groupe ils sont pires que les étudiants. Je considère que lorsque l'on travaille dans des conditions aussi avantageuses surtout d'un point de vue financier, il ne faut pas venir réclamer ou se plaindre pour des peccadilles égocentriques. J'ai parfois eu envie de leur envoyer une bombe atomique sur la tête !!
Impert' : M. Calamy a dit de vous que vous étiez "un ours mal léché au Coeur d'or". Qu'en pensez-vous ?
M. Vassiliev : (rires) Un ours ? Pourquoi pas, si on considère que j'ai reçu une éducation militaire et que je conçois l'ordre et la discipline comme des règles de vie élémentaires. Quant au reste, je pense que toute organisation doit être composée de gens qui commandent et d'autres qui obéissent. Bien évidemment, les ordres doivent rester cohérents pour assurer l'unité de l'ensemble. Le tout, consiste à travailler en bonne intelligence en définissant clairement la position et les rôles de chacun. C'est précisément le problème avec les étudiants. Ils ne pensent plus qu'à s'amuser alors qu'ils sont quand même dans une école où ils sont supposés travailler un minimum.
Impert' : Est-il vrai que vous avez un grade d'officier dans l'armée ?
M. Vassiliev : En fait, j'ai le grade de lieutenant-colonel dans le corps des traducteurs puisque je parle couramment le russe. Je suis donc bien officiellement officier de réserve…
Impert' : Nous voudrions savoir ce que vous pensez du concept d'association et de leur rôle dans le groupe ESSEC.
M. Vassiliev : Les associations telles qu'elles sont définies dans le cadre de la loi 1901 constituent à mon sens un plus pour les étudiants du groupe ESSEC, tant que cela ne nuit pas à leur travail… C'est pourquoi je suis d'accord avec le principe de fournir des locaux aux associations à but non lucratif. C'est dans cette optique que je considère que les associations réalisant un important chiffre d'affaires à la seule fin d'enrichir leurs membres n'ont pas lieu d'être dans les locaux du groupe. Je ne cherche pas ici à descendre la JE bien que je n'apprécie guère leurs manières. Pour moi, ils constituent une entreprise et, à ce titre, ne peuvent travailler dans des locaux fournis gratuitement ; il vaudrait mieux qu'ils louent en dehors de l'école en tant " qu'entreprise ".
Impert' : Avant de partir, auriez-vous un message à adresser aux étudiants de l'ESSEC ?
M. Vassiliev : Oui si vous y tenez. Vous êtes beaux, généreux et instruits mais véritablement impolis. L'impolitesse constitue pour moi un défaut majeur, et vous conviendrez que de bonnes manières et le respect qui accompagnent la politesse sont des bases nécessaires à toute instruction (NDLR : comme le disait d'ailleurs un fameux maréchal de l'Armée Rouge : " avant l'instruction,… "). Votre présence ici est votre dernière chance de vous positionner dans la vie active, alors profitez-en en travaillant suffisamment pour ne pas le regretter par la suite…


Propos recueillis par Judas et Fireball. Nous tenons ici à remercier Monsieur Vassiliev qui nous a accordé une part de son temps pour la réalisation de cette interview. Nous lui souhaitons une bonne et prolifique retraite.


 
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